Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel


Les textes de cette Parole ont été rédigés
par Geneviève Gaillot


A : ENTRER

A1. Introduction

B : DÉCOUVRIR

B1. La parole du Notre Père
B2. L’enluminure
B3. Le texte de l’évangile de référence
B4. Approfondissement biblique
B5. Tradition de l’Église

C : ÉLARGIR

C1. Littérature
C2. Autres images
C3. Musique et chants
C4. Méditations, prières

D : METTRE EN ŒUVRE

D1. Animation culturelle
D2. Animation pastorale

TRADITION DE L'ÉGLISE

• Cyprien, L’oraison dominicale 14

« Nous disons: Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Non pas que Dieu fasse ce qu'il veut. mais que nous puissions faire ce qu'il veut. En effet, qui peut empêcher Dieu de faire ce qu'il veut? Mais nous, parce que le diable nous empêche d'obéir à Dieu en toute chose, en pensée et en action, nous demandons dans notre prière que la volonté de Dieu s'accomplisse en nous; et pour qu'elle s'accomplisse en nous, il est besoin de la volonté de Dieu, c'est-à-dire de son secours et de sa protection, car personne ne tient bon par ses propres forces, mais c'est la bonté et la miséricorde de Dieu qui le mettent en sûreté. »

• Cyprien, L’oraison dominicale 16

« Puisque nous possédons un corps qui vient de la terre et un esprit qui vient du ciel, nous sommes terre et ciel, et nous prions pour que la volonté de Dieu se fasse dans l'un et l'autre, c'est-à-dire le corps et l'esprit. il y a en effet, entre la chair et l'esprit, une lutte serrée et, chaque jour, un combat mutuel en raison du désaccord qui règne entre eux ; de sorte que nous ne faisons pas ce que nous voulons: tandis que l'esprit cherche ce qui est du ciel et de Dieu, la chair désire ce qui est de la terre et du siècle. Aussi demandons-nous que soit rétablie entre eux la concorde, grâce au secours et à l’aide de Dieu, pour que soit sauve l’âme qu’il a fait renaître, tandis que s’accomplit dans l’esprit et dans la chair la volonté de Dieu. »

• Théodore de Mopueste, le catéchuménat des premiers chrétiens (IVè siècle). 12-13

Que tes volontés soient faites sur la terre comme au ciel

[Cela se produira] si nous nous efforçons d'imiter autant que possible en ce monde le genre de vie que nous attendons de mener dans le ciel puisqu'au ciel rien ne s'oppose à Dieu, le péché éradiqué, le pouvoir des démons aboli et, en bref, tout ce qui ici-bas est en lutte contre nous ayant été anéanti. Quand tout aura été détruit, nous ressusciterons d'entre les morts et nous résiderons au ciel, immortels et immuables par nature. Nous nous en tiendrons en priorité à la volonté de Dieu, nos pensées tournées vers les choses célestes, notre volonté et nos actions en accord avec ce qui plaît à Dieu, puisqu'il n'y aura plus là aucun élan ni aucune passion qui combatte en nous la volonté divine.

Il nous est donc demandé, autant que cela est possible en ce monde, de persévérer dans la volonté de Dieu sans nous égarer vers ce qui lui est contraire. Il faudra nous tenir sur terre à la manière dont nous croyons que règne la volonté divine dans le ciel. De même en est-il de nos pensées et de nos volontés: pas plus ici aujourd'hui que plus tard là-haut il ne faudrait qu'elles nous entraînent à quoi que ce soit de contraire [à sa volonté].

Mais cela est impossible en ce monde tant que nous avons une nature mortelle et changeante. Il faut donc que notre volonté s'arrache à ces mouvements contraires et qu'elle les écarte complètement, qu'elle fasse ce que commande le bienheureux Paul: « Ne vous modelez pas sur ce monde-ci, mais que le renouvellement de vos consciences vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît et ce qui est parfait» (Rm 12, 2). Il ne demande pas que les passions ne se dressent plus en nous mais que nous ne nous modelions pas sur ce qui, de toute façon, s'évanouira avec ce monde, et que notre volonté ne se modèle pas sur les pratiques de ce monde. [Il faut] qu'elle lutte contre les événements, pénibles ou agréables, glorieux ou déshonorants qui, en un mot, élèvent ou abaissent, ceux surtout qui sont de nature à nous faire trébucher sur des pensées contraires [à ce qu'il faudrait] et à détourner notre esprit de vouloir le bien. Soyons attentifs à ne pas nous abaisser à les apprécier et renouvelons nos pensées en les corrigeant chaque jour: rejetons en ce monde les conséquences néfastes des passions sur nous et élevons chaque jour notre volonté vers des objectifs vertueux, en les mettant à l'épreuve de ce qui plaît à Dieu.

Nous devrions considérer comme le bien parfait ce qui plaît à Dieu et, en toutes choses, regarder comme méprisables les plaisirs d'ici-bas. Nous devrions supporter les tribulations qui nous atteignent en plaçant la volonté de Dieu avant toute chose. Nous devrions aussi nous considérer nous-mêmes heureux si nous faisons la volonté de Dieu, même si toutes les difficultés du monde nous entourent, et comme les plus misérables des hommes si nous n'agissons pas ainsi, même si nous possédons tous les biens du monde. Telle est donc la conduite parfaite que notre Seigneur nous a enseignée par ces brèves paroles; à ceux qui croient en lui, il commande de s'appliquer à faire le bien, d'avoir en tête les mœurs qui prévaudront au ciel, de mépriser toutes les choses de ce monde et de s'efforcer autant que possible de se modeler sur les choses du monde à venir. Il veut que ce soit cela que demandions à Dieu jusqu'à la fin.

Puisqu'il nous faut un esprit sain et un amour véritable pour ces choses, mais sachant que nous sommes incapables d'achever quoi que ce soit sans le secours de Dieu, il était nécessaire que ce soit sous la forme d'une prière qu'il nous enseigne cela, afin que nous puissions choisir avec un amour parfait et continuer à les demander à Dieu avec force et ardeur, comme des choses bonnes et utiles. Il nous serait impossible de les avoir même si nous les choisissions et les désirions des millions de fois, si Dieu en réalité ne nous aidait pas. Mais nous les obtiendrons à coup sûr si nous les avons tout à la fois choisies dans un premier temps et demandées à Dieu. 14. Le bienheureux Luc a donc ajouté beaucoup de choses à la prière dite par notre Seigneur afin de confirmer que ceux qui demanderont recevront à coup sûr. Comme il voulait nous inviter à nous modeler sur le monde à venir -lorsque nous y serons, nous serons définitivement élevés au-dessus des choses d'ici-bas et nous n'aurons besoin d'absolument rien¬mais qu'il ne voulait pas que l'on croie qu'il demandait quelque chose d'impossible à des êtres mortels encore par nature et qui ont de nombreux besoins en ce monde, il ajouta brièvement, en leur demandant de se modeler sur cette vie immortelle.

• Maître Eckhart, Traité sur l’Oraison dominicale

« Il prie pour que les réalités terrestres correspondent aux réalités célestes, de sorte que, de même que la volonté de Dieu est accomplie par les anges au ciel, de même elle le soit par tous les hommes sur terre. Nous pouvons demander cela d’autant plus facilement si nous croyons que Dieu a davantage de sollicitude pour nous que nous pour lui. Ce que Dieu veut, c’est notre salut, selon ce verset : Il veut que tout les hommes soient sauvés (1 Tm 2,4). Nus demandons donc dans notre prière d’être sauvés ou notre salut en disant : Que ta volonté soit faite: de même que ceux qui sont au ciel sont sauvés, de même le soient ceux qui sont sur terre (…) Comme au ciel, c’est-à-dire les justes, de même sur la terre, c’est-à-dire les pécheurs. (…) Il demande donc que, de même que l’esprit obéit à Dieu, de même la chair obéisse à l’esprit. De même que sa volonté est faite en le Christ, de même soit-elle faite dans l’Eglise toute entière. De même que nous percevons par notre intelligence, par notre esprit, que le règne de Dieu est déjà là, de même le soit-il sur la terre, c’est-à-dire que notre corps soit glorifié lors de la résurrection soit faite la volonté de Dieu, à savoir le salut de l’esprit et du corps.»

© PCI 2004 by Geneviève GAILLOT, Denis JACOB, Louis RIDEZ, Pierre ROBITAILLE