Car c’est à toi qu’appartiennent le Règne, la Puissance et la Gloire
pour les siècles des siècles. Amen


Les textes de cette Parole ont été rédigés
par le Père Louis Ridez


A : ENTRER

A1. Introduction

B : DÉCOUVRIR

B1. La parole du Notre Père
B2. L’enluminure
B3. Le texte de l’évangile de référence
B4. Approfondissement biblique
B5. Tradition de l’Église

C : ÉLARGIR

C1. Littérature
C2. Autres images
C3. Musique et chants
C4. Méditations, prières

D : METTRE EN ŒUVRE

D1. Animation culturelle
D2. Animation pastorale

TRADITION DE L'ÉGLISE

L'environnement liturgique de l'enluminure

L'enluminure de l'Ascension est insérée dans un ensemble de péricopes en lien avec la fête. Leur lecture aide à comprendre dans quel esprit les moines enlumineurs ont compris la représentation qu'ils donnaient de l'Ascension.

La péricope de la vigile prend comme texte Jn 17, 1-11, le début de ce qu'on appelle parfois la « prière sacerdotale » :
Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel et dit "Père, l'heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir sur toute créature que tu lui as donné, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyés, Jésus-Christ."

La péricope du « Dimanche après l'Ascension » prend comme texte Jn 15,26 à 16,24 :
Je vous enverrai l'Esprit de vérité qui procède du Père… Je vous ai dit tout cela afin que vous ne succombiez pas à l'épreuve…

Saint Augustin : Les croyants peuvent déjà régner dans les cieux

Aujourd'hui notre Seigneur Jésus Christ monte au ciel, que notre cœur y monte avec lui […]. De même que lui est monté, mais sans s'éloigner de nous, de même sommes-nous déjà là-haut avec lui, et pourtant ce qu'il nous a promis ne s'est pas encore réalisé dans notre corps.
Lui a déjà été élevé au-dessus des cieux; cependant il souffre sur la terre toutes les peines que nous ressentons, nous ses membres. […]
Pourquoi ne travaillons-nous pas, nous aussi, sur la terre, de telle sorte que par la foi, l'espérance, la charité, grâce auxquelles nous nous relions à lui, nous reposerions déjà maintenant avec lui, dans le ciel ? Lui, alors qu'il est là-bas, est aussi avec nous; et nous, alors que nous sommes ici, sommes aussi avec lui. Lui fait cela par sa divinité, sa puissance, son amour; et nous, si nous ne pouvons pas le faire comme lui par la divinité, nous le pouvons cependant par l'amour, mais en lui.
Lui ne s'est pas éloigné du ciel lorsqu'il en est descendu pour venir vers nous; et il ne s'est pas éloigné de nous lorsqu'il est monté pour revenir au ciel. […]
Saint Paul affirme : Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, bien qu'étant plusieurs, ne forment qu'un seul corps. De même en est-il pour le Christ. […] Le Christ, c'est donc beaucoup de membres et un seul corps.
Il est descendu du ciel par miséricorde, et lui seul y est monté, […] mais l'unité du corps ne lui permet pas de se séparer de la tête.
Saint Augustin, Homélie pour la fête de l'Ascension

Cardinal Ratzinger : La descente de Dieu est destinée à nous faire remonter avec lui

Dieu est entré dans le monde visible pour que nous, qui sommes liés à la matière, puissions le reconnaître. En ce sens, la manifestation Dieu dans le monde n'a pas commencé avec l'incarnation. Dieu depuis toujours est à l'œuvre «visiblement », par ses actes comme par sa Parole, tout au long de l'histoire du salut. Mais cette descente de Dieu est destinée à nous faire remonter avec Lui.
L'incarnation a pour fin de transformer notre être par la croix, de faire passer notre corps dans la nouvelle corporéité inaugurée par la résurrection. Dieu nous cherche là où nous sommes, non pour que nous y restions mais pour que nous allions là où il est, dans un dépassement de nous-mêmes, dans notre corps aussi.
De sorte que vouloir réduire la figure du Christ à un « Jésus historique », à un Jésus confiné dans le passé, c'est manquer la signification de sa présence corporelle parmi nous, c'est passer à côté du motif de l'incarnation. Avec le corps, les sens ne doivent pas être rejetés mais « élevés », développés dans toutes leurs possibilités. Nous ne verrons bien le Christ que lorsque nous dirons avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Cardinal Joseph Ratzinger, L'Esprit de la liturgie, pp. 100-101

Michael Kunzler : Le sens de l'Ascension

La fête de l'Ascension ne peut avoir pour thème historisant ni l'adieu de Jésus à ses disciples, ni l'«exhaussementau XIIe siècle : action de célébrer ; élévation
au XVIe siècle, sens actuel : action de rendre plus haut ; résultat de cette action.
» du Seigneur − lequel est indissolublement lié à l'ensemble de l'évènement pascal −, mais l'idée que, avec l'exhaussement du Seigneur, quelque chose des hommes que nous sommes, la nature humaine, que le Seigneur partage, depuis l'Incarnation, avec chaque homme pour toute l'éternité, a été introduit dans la Gloire de Dieu. Son exhaussement est le commencement de l'exhaussement de l'homme et les « arrhes » du salut.
Michael Kunzler, La Liturgie de l'Église, 1997

Henri Denis : L'Ascension du Christ total

On pourrait affirmer que l'Ascension du Seigneur est en quelque sorte l'achèvement de son Incarnation. Par la venue du Verbe dans le monde, c'est tout le cosmos, tout le monde des vivants, tout le Peuple des humains qui est assumé (on se rappelle Péguy, évoquant la récapitulation de tout le passé en Jésus : « Et les pas des légions avaient marché pour Lui… »). Tout cela est commencé à Noël.
Mais ce mystère de prise en charge de l'humain par Jésus va s'approfondir et se creuser dans le scandale et l'épreuve de la Croix, pour éclater en Résurrection, triomphe de la vie sur toute mort. Et voici enfin l'Ascension que l'on pourrait, que l'on devrait appeler en vérité l'assomption plénière et définitive.
Traduisons : c'est en entrant dans le sein du Père que Jésus assume totalement notre humanité pour la conduire à son achèvement. Il avait raison, saint Léon, d'écrire cette phrase qui est un condensé de ce mystère : L'Ascension du Christ, c'est notre promotion. Notre nature humaine est promue au partage de l'amour de Dieu.
Dans ce grand corps que forme le Christ total, la tête est déjà dans les cieux ; mais les membres bénéficient de cette atmosphère divine dans laquelle elle baigne.
Je vous le disais : c'est un mystère d'espérance. Car là où la tête est passée, là aussi le corps tout entier passera.
La Mission peut commencer. C'est la joie d'annoncer au monde sa plus belle destinée.
Henri Denis, 100 mots pour dire la foi, pp. 157-158

© PCI 2004 by Geneviève GAILLOT, Denis JACOB, Louis RIDEZ, Pierre ROBITAILLE