Délivre-nous du mal


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Lecture descriptive de l'enluminure

Une croix grecque structure la composition de l’image en quatre zones d’égale grandeur. L’image est divisée en deux parties superposées, nettement séparées par une nuée. À la croisée de la composition, un diablotin ailé s’enfuit pour se réfugier dans les limites qui lui sont imposées : la mer.

L’action dans la scène du bas se répercute dans la scène du haut (construction en V).

L’homme enchaîné est face au Christ : l’affronte-t-il ou l’appelle-t-il au secours ? Il est prisonnier : deux anneaux attachent ses pieds, un anneau, dans le dos, fixe ses deux mains à une chaîne autour du cou. Le corps est ainsi retourné, convulsé. L’homme n’est pas seulement prisonnier de ses chaînes, il est bien plus, prisonnier de lui-même. C’est un « possédé » : un diable ailé sort de son corps. Ce détail permet alors de dire qu’il s’agit ici d’une scène d’expulsion du démon, d’un « exorcismeÀ définir ».

Une autre scène occupe le bas droit de l’image. Cinq cochons se précipitent dans la mer, trois sont chevauchés par des diables ailés. La mer est représentée de manière abstraite par un triangle, de couleur grise, striée de diagonales blanches.



La zone supérieure de l’image présente, à chaque extrémité, en deux scènes en miroir, deux bâtiments murés, munis de tours et d’une maison. Du haut des murs, un personnage se penche vers deux hommes portant une sorte de lance. Les inscriptions permettent de préciser. Il s’agit de la représentation abstraite des villes des Géraséniens (urbes gerasenorum) et de bergers (pastores), qui portent les bâtons-épées de l’époque, tels qu’on les trouve, en d’autres scènes, dans les mains des soldats du Massacre des innocents et dans la main des Mages en chemin.

La zone supérieure, séparée de l’inférieure par une frontière nuageuse, est cependant reliée à la zone inférieure, par la construction en pointe qui part de la tête du possédé. C’est l’action qui le concerne qui est le centre d’intérêt de la scène. La composition le suggère, le texte le confirme : avertis de ce qui se passe, les habitants ont peur.

L’ensemble de la composition et les désignations laissent pressentir une signification seconde, qui se dégagera par l’interprétation du texte de référence de l’image.

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