Délivre-nous du mal


Les textes de cette Parole ont été rédigés
par le Père Louis Ridez


A : ENTRER

A1. Introduction

B : DÉCOUVRIR

B1. La parole du Notre Père
B2. L’enluminure
B3. Le texte de l’évangile de référence
B4. Approfondissement biblique
B5. Tradition de l’Église

C : ÉLARGIR

C1. Littérature
C2. Autres images
C3. Musique et chants
C4. Méditations, prières

D : METTRE EN ŒUVRE

D1. Animation culturelle
D2. Animation pastorale

L'ENLUMINURE

Lecture descriptive de l'enluminure

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Commentaire théologique de l'image

Il présuppose la lecture attentive du texte et son approfondissement biblique.

Au centre de l’image, constitué de la rencontre de ses deux diagonales, se trouve le démon ailé qui sort de la bouche de l’homme aux mains et aux pieds enchaînés. D’autres petits démons ailés

chevauchent des porcs qui se précipitent dans la mer. L’image et le texte se rejoignent : il s’agit d’un exorcisme, plus exactement, du combat du Christ contre le mal.

Le registre inférieur de l’image est divisé en deux parties antagonistes.

Les forces et les représentations du mal sont cantonnées dans la partie droite. Il y a le possédé, les démons, les porcs, animaux impurs, et la mer, siège du mal d’après les croyances de l’époque.

C’est à ces forces du mal que s’affronte le Christ. Sa main droite, levée, marque son identité par les deux doigts pointés (son humanité et sa divinité) et les autres repliés (son être trinitaire). Sa main gauche tient le livre des Écritures : le Christ s’inscrit dans l’histoire des combats contre le mal que Dieu lui-même mène avec les hommes. Les apôtres, derrière le Christ, sont appelés à « le suivre ». Pierre acquiesce et met ses pas dans les pas du Christ.

Le haut de l’image révèle l’emprise du mal. Là, où dans le « ciel » de l’image on attend, par la reproduction de bâtiments, l’image de l’Église, on en trouve sa contrefaçon : des bastions qui n’expriment pas l’assurance de la foi, mais la frayeur. Ce sont des villes (urbes) qui ne suscitent pas la solidarité, mais isolent dans un ghetto. Les géraséniens se ferment au message du Christ et s’enferment dans l’hostilité. Le possédé est ainsi le reflet de leur propre situation. Ils sont victimes, dirait-on aujourd’hui, du syndrome sécuritaire.

Mais est-ce un hasard si le minuscule « Gérasa » du texte devient : « les villes » et les bergers des « pasteurs ». L’image laisse la voie ouverte à une interprétation qui n’est pas étrangère au texte : le combat du Christ évoque la possibilité de nouveaux rapports entre les hommes, dans la mesure où ils deviennent à leur tour des « pasteurs ». Selon la symbolique du premier art chrétien, cette « ville » du haut, avec ses deux « maisons » évoque la Jérusalem céleste, où se réconcilieront Juifs et païens. Il fallait ainsi que la scène de la Guérison du possédé se passe en territoire païen.


© PCI 2004 by Geneviève GAILLOT, Denis JACOB, Louis RIDEZ, Pierre ROBITAILLE