Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour


Les textes de cette Parole ont été rédigés
par Pierre Robitaille


A : ENTRER

A1. Introduction

B : DÉCOUVRIR

B1. La parole du Notre Père
B2. L’enluminure
B3. Le texte de l’évangile de référence
B4. Approfondissement biblique
B5. Tradition de l’Église

C : ÉLARGIR

C1. Littérature
C2. Autres images
C3. Musique et chants
C4. Méditations, prières

D : METTRE EN ŒUVRE

D1. Animation culturelle
D2. Animation pastorale

TRADITION DE L'ÉGLISE

• Le pain rassemblé, signe de l’Eglise (Didaché IX)

Quant à l'eucharistie, faites ainsi vos actions de grâce. D'abord pour la coupe : " Nous Te rendons grâce, notre Père, pour la sainte vigne de David Ton serviteur que Tu nous a fait connaître par Jésus Ton Enfant. A Toi la gloire pour les siècles. "
Pour la fraction du pain : " Nous Te rendons grâces, notre Père, pour la vie et la connaissance que Tu nous a révélés par Jésus Ton Enfant." A Toi la gloire pour les siècles. De même que ce pain rompu était dispersé sur les collines et que, rassemblé, il est devenu un (seul tout), qu'ainsi soit rassemblée ton Eglise des extrémités de la terre dans Ton Royaume. Car à Toi sont la gloire et la puissance par Jésus-Christ pour les siècles. "

• Le pain de ce jour, signe du vrai prophète (Didachè XI, 2)

Quant aux apôtres et aux prophètes, agissez ainsi, selon le précepte de l'Evangile. Que tout apôtre venant à vous soit reçu comme le Seigneur. Mais il ne restera qu'un jour, deux s'il est besoin; s'il reste trois jours, c'est un faux prophète. En partant, que l'apôtre ne prenne rien, sinon le pain suffisant pour atteindre l'endroit où il passera la nuit; s'il demande de l'argent, c'est un faux prophète..

• Saint Justin Première Apologie, vers 150 à Rome, chap. 66 et 67

Les chrétiens du IIe siècle se rassemblent le dimanche avec la conscience que l’eucharistie n’est pas un repas ordinaire.
« Nous ne prenons pas cet aliment qu’on appelle Eucharistie comme un pain ordinaire ou une boisson ordinaire. De même que par la vertu du Verbe de Dieu, Jésus Christ, notre Sauveur, a pris chair et sang pour notre salut, ainsi l’aliment consacré par la prière formée des paroles du Christ, et qui doit nourrir notre chair et notre sang, est la chair et le sang du Verbe incarné. Voilà ce qui nous est enseigné.
En effet, les apôtres, dans leurs mémoires qu’on appelle évangiles, nous rapportent que Jésus leur fit ces recommandations : il prit du pain, et, ayant rendu grâces, il leur dit : "Faites ceci en mémoire de moi ; ceci est mon corps". Il prit de même le calice, et, ayant rendu grâces, il leur dit : "Ceci est mon sang". Et il les leur donna à eux seuls. Depuis ce temps, nous n’avons jamais cessé d’en renouveler la mémoire entre nous.
Nous nous assemblons tous le jour du soleil, parce que c’est le premier jour, où Dieu tirant la matière des ténèbres, créa le monde, et que, ce même jour, Jésus Christ notre Sauveur ressuscita des morts. ».

• Saint Augustin Catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés (vers 350)

Il y avait aussi, dans l'ancienne Alliance, les pains de l'offrande ; mais ces pains, appartenant à l'Alliance ancienne, ont pris fin. Dans l'Alliance nouvelle, il y a un pain venu du ciel, et une coupe du salut. Car, comme le pain est bon pour le corps, le Verbe s'accorde bien avec l'âme.
Ne t'attache donc pas au pain et au vin comme à des éléments ordinaires, car ils sont corps et sang selon la déclaration du Maître. Si la connaissance sensible te suggère autre chose, la foi doit te donner toute assurance. [...]

• Saint Augustin Lettre à Proba

Dans cet extrait de la "Lettre à Proba sur la Prière Augustin nous présente la prière du Notre Père comme modèle de toute les prières. Il n'hésite pas à déclarer que toutes les paroles de l'homme en prière ne peuvent que se rattacher à cette prière que Jésus a donné à ses disciples quand ils lui demandaient: "Apprends-nous à prier !".
Quand nous disons : Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour, aujourd'hui signifie "dans le temps présent". Ou bien nous demandons d'avoir ce qu'il nous faut en désignant le tout par la partie la meilleure, qui est le pain ; ou bien nous demandons le sacrement des croyants qui nous est nécessaire dans le temps présent pour obtenir non pas le bonheur dans ce temps, mais le bonheur éternel.

• Saint Augustin Sermon 59

Les différents pains : Pain terrestre, pain eucharistique, pain « Parole de Dieu ».
Vient ensuite dans la prière : Donne-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour. Soit que nous demandions au père la subsistance nécessaire à notre corps - pain signifiant tout ce qui nous est nécessaire - soit que nous comprenions par pain quotidien celui que vous recevez de l'autel, il est bon de faire cette demande aujourd'hui, c'est-à-dire en ce temps présent. Car le pain nous est nécessaire en ce temps, quand nous avons faim. Quand nous serons dans l'autre vie, c'en sera fini de la faim. Qu'aurons-nous besoin de demander du pain ? Quant au pain dont j'ai dit que nous le recevons de l'autel, il est bon de demander qu'il nous soit donné. Que demandons-nous, en effet, sinon de ne commettre aucun mal qui nous séparerait d'un tel pain ?
La parole de Dieu qui nous est annoncée chaque jour est, elle aussi, du pain. Si ce n'est pas du pain pour le ventre, n'est-ce pas du pain pour l'intelligence ? Or quand cette vie aura passé, nous ne chercherons plus le pain que réclame la faim. Et nous n'aurons plus à recevoir le sacrement de l'autel, puisque nous serons là avec le Christ, dont nous recevons le corps, et nous n'aurons plus à prononcer les paroles que nous vous annonçons, ni à lire le livre, quand nous verrons en personne la Parole de Dieu par qui tout a été fait, dont se nourrissent les anges, qui illumine les anges, et par qui les anges acquièrent la science, non pas en scrutant les paroles d'une langue tortueuse, mais en buvant l'unique Parole dont l'ivresse les fait éclater en louanges, sans qu'ils puissent s'épuiser de louanges. "Bienheureux, dit le Psaume, ceux qui habitent dans ta maison ; dans les siècles des siècles ils te loueront" (Ps 83, 5).

• Lettre Encyclique Ecclesia de Eucaristia. Jean-Paul II, 17 avril 2003

À juste titre, le Concile Vatican II a proclamé que le Sacrifice eucharistique est « source et sommet de toute la vie chrétienne ». « La très sainte Eucharistie contient en effet l'ensemble des biens spirituels de l'Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa chair, vivifiée par l'Esprit Saint et vivifiante, procure la vie aux hommes »
[...] C'est en tant que vivant et ressuscité que le Christ peut, dans l'Eucharistie, se faire « pain de la vie » (Jn 6, 35. 48), « pain vivant » (Jn 6, 51).
[...] Saint Éphrem écrit: « Il appela le pain son corps vivant, il le remplit de lui-même et de son Esprit. [...] Et celui qui le mange avec foi mange le Feu et l'Esprit [...]. Prenez-en, mangez-en tous, et mangez avec lui l'Esprit Saint. C'est vraiment mon corps et celui qui le mange vivra éternellement ».